En 2012, HonestReporting a obligé le journal anglais The Guardian à s’excuser pour avoir unilatéralement décidé que la capitale d’Israël n’était pas Jérusalem, mais Tel Aviv.
Il ne s’agissait pas d’une simple erreur : lorsqu’une demande de correction lui fut présentée, The Guardian commença par refuser et adopta la position selon laquelle Israël avait tort sur l’emplacement de sa propre capitale. The Guardian ne fit marche arrière et ne s’excusa que sous la menace d’une action en justice.
Grâce aux efforts de HonestReporting, l’Ofcom, l’organe britannique de régulation de la presse à l’époque, changea ses règles etThe Guardian modifia l’ensemble de son « guide de rédaction », ce qui fait que le journal a maintenant pour politique globale de désigner comme capitale d’Israël « Jérusalem ».
La semaine dernière, la République tchèque a cédé sous la pression de groupes palestiniens et annoncé que ses manuels scolaires enseigneraient aux élèves exactement la même falsification voulant que la capitale d’Israël soit Tel Aviv. Le pays fit plus tard marche arrière, mais seulement après une pression diplomatique importante de la part du maire de Jérusalem, Nir Barkat.
I urged the Czech PM to stand on the side of truth: #Jerusalem is Israel’s eternal capital https://t.co/yPJ06J9aC9 pic.twitter.com/V0LfSgWTIY
— Mayor Nir Barkat (@NirBarkat) September 1, 2016
Cependant, ce double standard reste beaucoup trop fréquent : les Nations unies, de nombreux pays à travers l’Europe et l’Asie et le monde arabe dans son ensemble ont déclaré que Jérusalem n’était pas la capitale d’Israël, alors même qu’ils ne décident de la capitale d’aucun autre pays sur terre.
Mais qui décide vraiment de la capitale d’un pays ?
Est-ce que la République tchèque peut décider de l’endroit où se situe la capitale d’Israël ? Est-ce que The Guardian le peut ? Et dans ce cas, pourquoi choisir Tel Aviv ? Pourquoi pas Be’er Sheva ou Eilat ? Est-ce qu’Israël a son mot à dire dans le choix de sa propre capitale ? Comment cela se passe-t-il avec les autres pays dans le monde ?
Tout d’abord, que dit le dictionnaire ?
Le dictionnaire anglais Merriam Webster définit une « capitale » comme « ayant les bureaux principaux d’un gouvernement » alors que le Black’s Law Dictionary, qui est l’ouvrage de référence pour les définitions légales aux Etats-Unis, définit ce terme comme « La ville la plus importante d’un pays ou d’une région, habituellement son siège de gouvernement et centre administratif. »
Il n’y a absolument aucun doute sur le fait que Jérusalem est le centre législatif de l’Etat d’Israël. C’est le lieu des bureaux les plus importants de toutes les agences du gouvernement israélien : la Knesset (le parlement), la Cour suprême, ainsi que les résidences et bureaux du Premier ministre et du Président. De plus, les sièges de la plupart des ministères du gouvernement israélien sont situés dans la « Kiriat HaMemshala » (le quartier des ministères), également à Jérusalem.
Qu’en est-il des ambassades étrangères ?
Certains pays et journaux soutiennent que Jérusalem ne pourrait pas être la capitale d’Israël parce que la majorité des ambassades internationales est située ailleurs dans le pays. Cependant, l’emplacement des ambassades n’a rien à voir avec la détermination d’une capitale nationale, selon les définitions tant communes que légales.
Par exemple, il y a trois pays (les Comorres, le Sénégal et les Seychelles) dont les ambassades aux Etats-Unis sont situées à New York et non à Washington D.C., mais cela ne fait pas de New York la capitale des Etats-Unis. Il y a des dizaines de pays dont les ambassades en Allemagne sont à Munich et des dizaines d’autres à Stuttgart, et pourtant cela ne signifie pas que Berlin ne soit plus la capitale de l’Allemagne.
Qu’en est-il de la reconnaissance internationale ?
Les Palestiniens et les pays arabes contestent le tracé des frontières d’Israël (en fait, la plupart des pays arabes nie qu’Israël existe du tout). Mais ceci non plus n’a aucun rapport avec la détermination de la capitale d’un pays.
Dans une déclaration exclusive à HonestReporting, le professeur Eugene Kontorovich, un expert en droit international de la Northwestern University, explique:
Rien dans le droit international ne donne aux autres pays leur mot à dire sur l’emplacement de la capitale d’un pays.
Kontorovich poursuit en expliquant qu’un principe fondamental du droit international est que tout ce qui n’est pas couvert par des accords internationaux est considéré comme relevant de la sphère nationale, devant être décidé en fonction des lois de chaque pays. En termes profanes : si Israël décide que Jérusalem est la capitale, alors Jérusalem est la capitale. Ceci en accord avec les principes du droit international.
Le professeur Kontorovich indique un problème supplémentaire dans le traitement de Jérusalem par les autres pays : le siège du gouvernment israélien est entièrement situé dans des parties de Jérusalem qui ne sont pas sujettes à controverse. Par conséquent,
… la position [de beaucoup de journaux et pays] est que TOUT Jérusalem ne fait pas vraiment partie d’Israël.
Et les conflits territoriaux ?
Il y a à présent 124 pays impliqués dans des conflits territoriaux et des dizaines de pays qui ne sont pas reconnus du tout par au moins un autre pays dans le monde. Pourtant cela n’impacte pas le choix d’une capitale.
Par exemple, la ville de Nicosie est en partie située sur une partie de Chypre revendiquée par la Turquie, mais elle n’en est pas moins la capitale de Chypre. Durant la guerre froide, Berlin était divisée et pour des raisons pratiques la plupart des fonctions gouvernementales avaient été déplacées à Bonn. Cependant Bonn n’était qu’une capitale « de facto », alors que Berlin restait la capital « de jure » de l’Allemagne.
Ce ne sont là que deux exemples parmi beaucoup d’autres. En réalité, notre recherche ne nous a pas permis de découvrir ne serait-ce qu’un seul cas dans lequel la capitale d’une nation aurait été déterminée par quoi que ce soit d’autre que la propre décision de cette nation.
Sauf pour Israël.
Tout simplement : Israël, et la capitale d’Israël, devraient être assujettis aux mêmes critères que tous les autres pays de la planète.