Suite à l’investiture de Donald Trump comme 45ème Président des États-Unis d’Amérique le 20 janvier, et à sa conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu hier soir, on a pu lire de très nombreux articles qui spéculaient sur l’avenir des relations entre Israël et les États-Unis.
Un de ces articles – une dépêche AFP reprise entre autres par le Parisien et l’Obs – s’intéressait notamment à la proposition que deux députés israéliens ont faite d’annexer la ville de Ma’ale Adoumim, une banlieue de Jérusalem qui se trouve en Cisjordanie. En effet, selon l’AFP :
Décryptons ensemble cette affirmation :
1. Pourquoi c’est faux
À proprement parler, annexer la ville de Ma’ale Adoumim ne couperait pas “en deux la Cisjordanie”.
En effet, comme il est possible de le voir sur la carte ci-dessous, la ville de Ma’ale Adoumim n’est pas collée à la frontière avec la Jordanie ou à la mer Morte. Si tel était le cas, la Cisjordanie serait effectivement coupée en deux.
Notons que la zone la plus étroite entre les frontières administratives de la ville et la mer Morte est de 11,39 km. Pour comparaison, le point le plus étroit entre Israël et la Cisjordanie est de 15 km (entre Netanya et Tulkarem). Ces distances sont du même ordre de grandeur, et pourtant, il n’a jamais été écrit qu’Israël “est coupé en deux”.
L’annexion de Ma’alé Adoumim ne compromet pas l’unité territoriale d’un possible futur État Palestinien.
2. Pourquoi c’est plus compliqué
Toutefois, nous nous appelons HonestReporting et nous sommes fidèles à notre nom ! C’est pourquoi il est important de reconnaître qu’il y a une part de vérité dans l’affirmation de l’AFP :
Il n’existe pas de route reliant les différentes villes de la zone A (sous contrôle de l’Autorité Palestinienne) ne passant pas par Ma’ale Adoumim. Cela veut dire que si la ville de Ma’ale Adoumim était annexée, un Palestinien vivant de Betlehem veut se rendre à Ramallah, il sera très difficile pour lui de le faire.
Il est bien sûr possible de construire une route contournant les frontières administratives de Ma’ale Adoumim, mais il s’agit d’un projet long, coûteux, et difficile à réaliser car le terrain y est très escarpé.
Conclusion
- L’AFP commet une erreur lorsqu’elle écrit que l’annexion de Ma’ale Adoumim couperait en deux la Cisjordanie, car géographiquement cela est faux.
- Il aurait été plus correct d’écrire que le projet d’annexion de Ma’ale Adoumim couperait les axes routiers entre les différentes villes de la zone A (sous contrôle de l’Autorité Palestinienne).
Nous avons contacté l’AFP afin de demander à ce que cette dépêche soit corrigée.